Le long du quai

Sully Prudhomme

Le long des quais les grands vaisseaux,
 Que la houle incline en silence,
 Ne prennent pas garde aux berceaux
 Que la main des femmes balance.

Mais viendra le jour des adieux ;
 Car il faut que les femmes pleurent
 Et que les hommes curieux
 Tentent les horizons qui leurrent.

Et ce jour-là les grands vaisseaux,
 Fuyant le port qui diminue,
 Sentent leur masse retenue
 Par l’âme des lointains berceaux.

René-François Sully Prudhomme, Stances et poèmes

Je trouve ce poème très lié à la psychogénéalogie.
Il y aurait beaucoup à dire sur le sens profond du message.
« Le jour des adieux », cette séparation où « il faut que les femmes pleurent ». Pourquoi cette obligation de pleurer ? Le jeux des apparences ?… Et ces « hommes curieux » qui « tentent les horizons qui leurrent ». Ont-ils l’impression que c’est mieux ailleurs ?… La séparation de la famille marqué par les vaisseaux qui diminue laissant la masse des hommes retenue par l’âme des (lointains) berceaux.

Je vous laisse découvrir une version chantée qui donne un éclairage supplémentaire au message de l’auteur.

Notez, les arpèges du début qui marquent le « balancement » des berceaux et la houle qui incline les vaisseaux.

La répétition de la dernière phrase pourrait également indiquer une chose non résolue comme l’est toute répétition dans le transgénérationnel.