Guide d’étude sur la Psychogénéalogie

Ce guide d’étude est conçu pour examiner la compréhension des concepts, des figures clés et des applications de la psychogénéalogie, tels que présentés dans les extraits de l’ouvrage Psychogenealogie au quotidien de Nathalie Chasseriau. Il comprend un questionnaire, un corrigé détaillé, des sujets de dissertation pour une réflexion approfondie, ainsi qu’un glossaire complet des termes essentiels.

Questionnaire

Répondez aux questions suivantes en vous basant exclusivement sur les informations fournies dans le contexte source. Chaque réponse doit comporter deux à trois phrases.

  1. Quelle est la distinction fondamentale entre la généalogie traditionnelle et la psychogénéalogie ?
  2. Expliquez le concept de « loyauté invisible » développé par Ivan Boszormenyi-Nagy. Quel impact peut-il avoir sur un individu ?
  3. Selon Anne Ancelin-Schützenberger, qu’est-ce que le « syndrome d’anniversaire » et comment se manifeste-t-il ?
  4. Décrivez la théorie de la « crypte » et du « fantôme » de Nicolas Abraham et Maria Török.
  5. Comment les secrets de famille évoluent-ils sur trois générations, d’après les recherches de Serge Tisseron ?
  6. Qu’est-ce que la notion de « double contrainte » ou « injonction paradoxale » mise en évidence par le groupe de Palo Alto ?
  7. Quel est le rôle du père dans la construction psychique de l’enfant selon Didier Dumas, et que doit-on transmettre en priorité aux enfants ?
  8. Définissez ce qu’est un « enfant de remplacement » et les difficultés psychologiques auxquelles il peut être confronté.
  9. En quoi consiste un « acte psychomagique », tel que proposé par Alejandro Jodorowsky ?
  10. Quelle est la fonction principale du génosociogramme dans une démarche de psychogénéalogie ?

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Corrigé du Questionnaire

  1. La généalogie traditionnelle a pour but de rechercher ses racines pour se situer dans une lignée, ce qui constitue son objectif final. Pour la psychogénéalogie, cet objectif n’est que le point de départ ; elle invite à travailler sur l’arbre généalogique pour y découvrir les branches malades et se libérer de leurs répercussions néfastes.
  2. La « loyauté invisible » est un mécanisme inconscient qui pousse un individu à redresser les torts subis par ses ancêtres pour rétablir la justice au sein du clan. Un descendant est alors chargé, sans le savoir, de régler une « dette » familiale, ce qui peut le conduire à des comportements incompréhensibles, des actes manqués et des échecs répétés.
  3. Le « syndrome d’anniversaire » est un concept qui décrit l’apparition de maladies, d’accidents ou de comportements étranges à des dates précises. Ces dates correspondent souvent à des traumatismes subis par un ancêtre, et le syndrome révèle une loyauté invisible qui se manifeste par la répétition d’un événement au même âge ou à la même date qu’un aïeul.
  4. Selon cette théorie, un traumatisme qu’un individu n’arrive pas à verbaliser et à intégrer est « encrypté », c’est-à-dire enfermé dans une région isolée de la psyché. De cette « crypte », il peut se manifester sous forme de « fantôme psychique » chez la personne ou ses descendants, provoquant des symptômes, des phobies ou des obsessions.
  5. À la première génération, le secret est indicible (non-dit mais connu). À la deuxième génération, il devient innommable (perçu mais non verbalisable), se transformant en fantôme. À la troisième génération, le secret est impensable (totalement ignoré), mais le fantôme continue de se manifester par des angoisses ou des comportements agressifs.
  6. La « double contrainte » désigne un message contradictoire où la communication verbale (« fais ceci ») est accompagnée d’un message non verbal inconscient qui enjoint de faire le contraire. L’enfant est alors soumis à un dilemme insoluble qui peut être à l’origine de choix incohérents et, dans les cas graves, conduire à la psychose.
  7. Selon Didier Dumas, le père donne le nom, qui est la « matrice de l’existence mentale ». La première chose à transmettre à un enfant est qu’il est sorti du corps de son père (de ses testicules), afin qu’il sache qu’il a deux personnes responsables de lui. La vraie transmission consiste à parler aux enfants du sexe et de la mort.
  8. Un « enfant de remplacement » est un enfant conçu peu après le décès d’un frère ou d’une sœur, avec la mission inconsciente de remplacer le défunt auprès des parents. N’étant pas aimé pour lui-même, il aura de grandes difficultés à développer sa propre personnalité et à se libérer de cet emprisonnement psychique.
  9. Un « acte psychomagique » est une sorte de rituel symbolique conçu pour agir directement sur l’inconscient. En utilisant le langage des symboles, cet acte vise à enrayer la chaîne des répétitions et à interrompre les influences néfastes des traumatismes transgénérationnels.
  10. Le génosociogramme est un arbre généalogique élargi sur trois ou quatre générations qui sert à la fois d’outil et de but. Il permet d’avoir une vue globale de l’histoire familiale, de mettre en évidence les liens affectifs, les traumatismes, les répétitions de scénarios et les coïncidences de dates, afin de reconstituer la chaîne des causes et des effets.

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Sujets de dissertation

Les questions suivantes sont destinées à une analyse approfondie et ne nécessitent pas de réponse dans le cadre de ce guide.

  1. Analysez les contributions des différentes figures pionnières de la psychogénéalogie (Anne Ancelin-Schützenberger, Nicolas Abraham, Didier Dumas, etc.) telles que présentées dans le texte. Comment leurs théories se complètent-elles pour former une discipline multiforme ?
  2. Discutez du rôle central des secrets, des non-dits et des deuils non faits dans la transmission transgénérationnelle des traumatismes. Expliquez comment ces éléments « fabriquent des fantômes » et comment le processus de guérison implique de « pouvoir dire ».
  3. En vous appuyant sur le chapitre 4, décrivez en détail le processus de construction du génosociogramme. Quels types d’informations doit-il contenir et comment son élaboration peut-elle déclencher une « mise en mouvement intérieure » chez la personne qui l’entreprend ?
  4. Examinez le concept de « loyauté invisible » et son influence sur les différents aspects de la vie d’un individu (choix professionnels, relations amoureuses, rapport à l’argent). Utilisez des exemples tirés des chapitres 11, 13 et 14 pour illustrer votre propos.
  5. Synthétisez les perspectives d’Anne Ancelin-Schützenberger et de Didier Dumas sur la pratique thérapeutique et la transmission aux enfants. Quels sont leurs points de convergence et de divergence concernant la résolution des fardeaux familiaux ?

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Glossaire des termes clés

Acte manqué : Manifestation de l’inconscient qui conduit l’individu à agir en contradiction apparente avec ce qu’il croit vouloir faire. De nombreux accidents, gestes maladroits, oublis ou pertes d’objets, ainsi que les lapsus, en sont des exemples.

Acte psychomagique : Expression inventée par Alejandro Jodorowsky désignant un acte dont la fonction est d’agir sur l’inconscient en utilisant son langage – celui des symboles – dans le but d’interrompre les influences néfastes des traumatismes du passé.

Chamanisme : Pratiques rituelles présentes sur tous les continents, où le chaman (sorcier guérisseur) communique avec les esprits pour assurer la protection et la bienveillance des vivants, notamment en entretenant les liens avec les ancêtres.

Croyances familiales : Dogmes, proverbes et lieux communs partagés par une famille, qui s’expriment sous forme de phrases toutes faites et servent souvent à couper toute communication réelle.

Crypte : Région isolée de la psyché où les traumatismes non intégrés (non introjectés) sont enfouis et se transforment en fantômes psychiques.

Double contrainte : Notion de l’école de Palo Alto désignant des injonctions paradoxales où un message verbal conscient est contredit par un message non verbal inconscient, plaçant l’enfant dans un dilemme insoluble.

Enfant de remplacement : Enfant dont la fonction est de remplacer auprès de ses parents une personne dont ils n’ont pas réussi à faire le deuil (souvent un frère ou une sœur décédés, ou un amour de jeunesse).

Fantôme : Manifestation des traumatismes encryptés dans la psyché, pouvant prendre la forme de phobies, actes manqués, lapsus, maux physiques ou comportements étranges. Les fantômes peuvent se transmettre de génération en génération.

Filiation patronymique : Pratique de transmission du nom de famille par le père. Une loi récente en France permet désormais aux parents de choisir de donner le nom du père, de la mère, ou les deux.

« Forte personnalité » : Euphémisme utilisé dans les familles pour désigner un tyran domestique, une personnalité narcissique qui impose sa loi et ses croyances à l’ensemble du clan.

Freud, Sigmund (1856-1939) : Neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse. Bien qu’il ait considéré l’origine transgénérationnelle des traumatismes à la fin de sa vie, cette découverte n’a pas été retenue par ses successeurs, et la psychanalyse ignore encore largement le transgénérationnel.

Génosociogramme : Arbre généalogique élargi où figurent les faits marquants, les événements de vie importants, ainsi que les liens affectifs et les traumatismes subis par les membres de la famille.

Grand livre des comptes familial : Livre virtuel où la famille tient sa « comptabilité » matérielle et affective. Un déséquilibre dans ce livre peut engendrer un sentiment d’injustice transmis aux descendants.

Hantise : Ensemble des manifestations des fantômes psychiques qui sortent de leur crypte pour se rappeler aux vivants.

Hystérie : Névrose caractérisée par la somatisation de conflits psychiques, souvent d’origine sexuelle, se manifestant par des attitudes théâtrales et une tendance à la dramatisation.

Identification : Processus qui consiste à faire siens des contenus psychiques (personnalité, émotions, désirs) venant d’une autre personne prise comme modèle. Inconsciente, elle peut freiner le développement de la véritable identité.

Inconscient : Ensemble des phénomènes psychiques qui échappent à la conscience. Selon Freud, il est principalement formé par les pulsions refoulées (libido) et les traumas. La psychogénéalogie postule l’existence d’un inconscient familial hérité.

Inconscient collectif : Notion de Carl Gustav Jung impliquant qu’à la naissance, l’enfant est pourvu d’un inconscient commun à l’humanité, formé des expériences vécues depuis les origines (archétypes).

Introjection : Processus par lequel l’individu intègre à son moi les expériences qu’il est en mesure d’accepter. Les expériences trop douloureuses sont encryptées.

Lacan, Jacques (1901-1981) : Médecin et psychanalyste français qui a centré sa recherche sur le rôle fondamental du langage dans la structuration de l’inconscient.

Loyauté invisible : Mécanisme inconscient poussant un individu à s’identifier à un ascendant pour redresser les torts que celui-ci a subis, conduisant souvent à des comportements dysfonctionnels.

Maïeutique : Littéralement, « art de faire accoucher ». Méthode socratique visant à faire découvrir à une personne les vérités qu’elle porte déjà en elle.

Malédiction familiale : Croyance dérivant de la répétition d’un événement catastrophique sur plusieurs générations.

Névrose de classe : Parfois appelée névrose d’échec, elle résulte de doubles contraintes subies dans l’enfance, enchaînant le sujet à une loyauté au statut social de sa famille d’origine et provoquant des échecs scolaires ou professionnels.

Œdipe : Héros de la mythologie grecque. Le « complexe d’Œdipe » est un pilier de la théorie freudienne, décrivant le désir symbolique de l’enfant mâle de tuer son père pour prendre sa place auprès de sa mère.

Parentification : Processus par lequel un enfant se met en position de protecteur de ses parents, inversant les rôles générationnels et créant un déséquilibre dans le clan.

Projet-sens : Méthode du psychologue Marc Fréchet étudiant le contexte familial (conscient et inconscient) au moment de la conception, de la gestation et de la petite enfance pour comprendre les empreintes laissées sur l’enfant.

Psychodrame : Méthode thérapeutique consistant à mettre en scène des situations réelles ou imaginaires pour revivre un événement traumatisant du passé.

Secrets de famille : Événements cachés (souvent liés au sexe, à la mort, à la folie ou au bannissement) qui peuvent engendrer des fantômes et tourmenter les descendants.

Syndrome d’anniversaire : Phénomène par lequel une personne est portée à revivre des événements traumatisants vécus par un membre de sa famille, au même âge ou à la même date.

Système/systémique : Approche thérapeutique issue de l’école de Palo Alto qui envisage la famille comme un système où chaque élément participe à l’équilibre de l’ensemble.

Transgénérationnel : Ce qui se transmet de génération en génération. Un postulat de base de la psychogénéalogie est que les traumatismes se transmettent sur quatre ou cinq générations.

Travail de deuil : Processus psychique permettant d’élaborer et d’accepter la perte d’un proche. S’il n’est pas correctement fait, l’ancêtre « mal mort » peut devenir un fantôme.

Traumatisme : Tout vécu que l’individu n’arrive pas à introjecter, c’est-à-dire à penser, verbaliser et symboliser pour l’intégrer à son expérience.

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